Exotic Crimes Task Force

Affaire N°1 : Reconstruction

Ce scénario m'a servi d'introduction pour une nouvelle campagne basée sur les agents de l'ECTF (cf article annexe). Ces personnages sont essentiellement des cops et le scénario n'est à peu près jouable qu'avec ce genre d'équipe. L'intrigue n'est pas bien compliquée et l'ensemble de l'histoire peut se jouer en une ou deux séance de jeu.

Rapide Sysnopsis
 
Les enquêteurs vont être confrontés à un meurtrier particulièrement abominable qui tente de reconstituer le corps d'une actrice dont il est tombé amoureux et avec laquelle il travaille tous les jours en utilisant des morceaux de corps pris sur d'autre femmes. Comme il est incapable de commettre lui-même les crimes, il se sert de personnes qu'il manipule pour le faire à sa place ce qui ne va pas simplifier le travail des enqueteurs. De plus, comme c'est un artiste, il veut pouvoir laisser une trace de tous ses actes et prend donc de nombreuses photos.

 

Rosalie (Take 1)
 
- Elle...elle est morte ?
- Ouais, elle est putain de morte, et il va vous arriver la même chose si vous ne dégagez pas de suite...Cadet ! Virez-moi ces foutus journalistes, je veux pouvoir bosser en paix.
- Tout de suite Lieutenant
 

Tout débute par un sale mercredi de novembre. La pluie noire qui s'abat sur les gratte-ciel de Night City depuis deux jours ne fait rien pour remonter le moral aux enqueteurs de la toute jeune ECTF qu'on vient de dépecher au Lincoln Square, en plein coeur de la ville. Arrivés sur place, ils ont découvert le corps d'une jeune femme atrocement mutilée. Cette dernière avait été trouvée un peu plus tôt par deux éboueurs venus vider une benne de verre. Les deux hommes sont encore sous le choc de leur macabre découverte et attendent que les policiers viennent prendre leur déposition.

La victime se nomme Rosalie Wells comme en attestent ses papiers, retrouvés dans son sac, en compagnie de ses cartes de crédit et de son argent. Le rapport d'enquête retiendra d'elle qu'il s'agit d'une femme de race blache de 32 ans. Elle est célibataire et vivait dans un appartement du centre ville de Night-City. Elle travaillait comme secrétaire dans un cabinet d'expertise comptable : Koroshi & Fils.

L'examen du légiste révèlera les détails suivants : la victime n'a pas subi de sévices sexuels mais des traces sur ses bras et poignets laissent penser qu'elle a été ligotée pendant assez longtemps. Elle est morte étranglée et la mutilation du corps a été réalisée post-mortem. La vistime a été...scalpée ! (Charmant n'est-il pas ?)

Une fouille de son apartement révelera de nombreux détails sur sa vie, en particulier qu'il s'agit d'une incorrigible sentimentale qui attendait désespérement le prince charmant comme en atteste sa collection de DVD et de romans à l'eau de rose. Une enquête auprès de ses collègues de travail apprendra aux agents qu'elle était une habituée des rencontres via les services spécialisés (que ce soit par courrier ou par la matrice). Son agenda apprendra d'ailleurs que la veille de sa mort, elle avait rendez-vous à 21h à l'After Night avec un certain Alex.

L'After Night : club de rencontre du centre ville de Night City (à quelques blocs du domicile de Rosalie). Le patron en est bien connu des services de police. Il a toujours été soupçonné de traffic de stupéfiants mais rien n'a jamais pu être prouvé. Celà dit, il ne se montrera bien sûr pas particulièrement pressé de coopérer avec des représentants des forces de l'ordre. Si on arrive a l'en convaincre, il dira qu'il se souvient parfaitement de Rosalie : "Ah, oui, la femme en rouge ! Oh oui elle venait ici assez souvent, au moins une fois par semaine pour rencontrer des types. Celui qui était avec elle lundi soir ? Vous pensez si je m'en souvient ! Il était vraiment à la limite de la clientèle que je peux admettre ici : on aurait dit un vrai clochard. Une loque ce type. Franchement, il aurait pas été avec cette fille, je l'aurais même pas laissé entrer. Je me demande bien ce qu'elle pouvait lui trouver ?"

Toutefois, les enqueteurs vont avoir un peu de mal à établir un portrait robot. La description lu barman leur apprendra simplement que la dernière personne qui semble avoir vu Rosalie vivante est : un homme de race blache, d'une quarantaine d'années, brun, mesurant environ 1m70 à 1m80 et portant des cheveux courts et une petite moustache. Courage, ça ne fait que quelques centaines de milliers de personnes dans une ville comme Night-City.

Arrivé à ce point, les agents vont logiquement commencer à enqueter dans tout un ensemble de direction pour tâcher de trouver des mobiles, des éléments qui leur permettraient de caractériser le crime. Ces recherches ne leur apporteront pour l'instant pas grand chose. Le parc n'est pas vidéo-surveillé et personne n'était là au moment où le corps a été déposé.

Passons donc à la suite...

 

Louise (Take 2)
 
- L'enfoiré, il se fout vraiment de nous !
- Ca pour sûr : venir déposer son deuxième cadavre au même endroit que le premier. Soit ce type est un putain de provocateur, soit c'est un sacré cinglé !
 

Car c'est bien ce qui arrive. Une semaine plus tard est retrouvé le corps de Louise Stewart. Le corps a été déposé au même endroit que celui de la première victime (mais pas dans la même position tout de même). A nouveau l'identification va aller assez vite puisque le sac de la victime contenant ses papiers et son argent est déposé auprès d'elle. Une fois de plus le corps a été atrocement mutilé puisque la pauvre victime a été enucléée. Louise était déclarée disparue depuis deux jours au lendemain d'une soirée qu'elle avait passée en boite avec des collègues de travail. Ils s'étaient tous rendus dans une boite à la mode de Night-City : le Draft Nights et ses collègues se rappeleront l'avoir vu quitter les lieux aux alentours de trois heures du matin en compagnie d'un type qu'elle avait rencontré là-bas.

Le signalement de l'individu rappelle la description du barman de l'After Night : une homme d'une quarantaine d'année, propre sur lui mais pas vraiment habillé à la dernière mode, les cheveux bruns courts et une moustache. Il mesurait environ 1m80.

Ce signalement, ajouté au fait que les deux victimes ont été retrouvées au même endroit et dans les mêmes conditions : mêmes marques de liens aux mains, pas de sévices particuliers apparents et étranglées toutes les deux vont immanquablement ammener les agents à conclure qu'il va y avoir d'autres crimes.

Le rapport du légiste permettra également de conclure que la victime a été tuée avant que le corps ne soit mutilé.

Coup de théatre : deux jours plus tard, lorsqu'ils rejoignent leur bureau, les cops trouvent une grande enveloppe en kraft déposée là par un livreur dont personne ne pourra donner une description précise. Cette enveloppe contient une série de clichés en noir et blanc montrant la scène du crime et présentant le meurtrier en train de déposer le corps. Toutes ces photos sont accompagnées d'une petite photo d'identité.

La comparaison de la photo d'identité avec les différents fichiers dont dispose la police (permis de conduire...) permet rapidement d'identifier l'individu sur la photo : il s'agit d'un certain Sam Young. Sam est manutentionnaire sur la marina et habite un petit appartement dans la banlieue sud. Une visite chez lui en son absence permet de trouver une impressionnante collection de DVD pornos et de nombreux gadgets sado-maso mais aucun lien avec l'une ou l'autre des victimes ni de preuves de quoi que ce soit. Toutefois, il est vraisemblable que les cops vont s'empresser d'arreter Sam Young, ne serait-ce que pour le questionner. Ils découvriront un individu mentalement très perturbé et à peine capable de répondre à leurs questions. Il donne l'impression de ne même pas comprendre de quoi les enquêteurs lui parlent. Après quelques heures d'intrrogatoire, les cops devront se rendre à l'évidence : l'univers de Sam Young se résume à son appartement, son job, le bar en bas de chez lui et le centre commercial au bout de la rue avec son appareil de location de DVD automatique et cet individu est bien trop stupide pour avoir planifié un crime tel que les deux qui ont été commis.

Alors pourquoi joindre la photo de ce pauvre type à un dossier montrant visiblement les agissements du tueurs. En approfondissant un peu leur enquête, les cops se rendront rapidement compte que Sam Young n'a d'alibi pour aucun des deux meurtres. Une hypothèse de travail pourrait alors germer : et si Sam Young était bien l'individu que l'on voit sur les photos et qu'il avait été manipulé ? Un entretien mené correctement par un psychologue de la police permettra de se rendre compte que cette hypothèse est valide. Quand à savoir qui manipulait Sam au cours des meutres, pourquoi il l'a fait et pourquoi l'instigateur des crimes s'est débarrassé de la sorte de son executant, la question restera posée.

Les premiers résultats des autopsies des deux victimes vont apprendre aux cops que la personne qui a effectué les mutilations sur les deux corps est une personne soit très adroite, soit habituée de ce genre d'exercice

 

Sophia (Take 3)
 
- Et une de plus, il faut vraiment qu'on parvienne a établir un lien entre toutes ces femmes, il y a forcément un motif !
- Tu noteras quand même que celle là est nettement plus agée que les autres !
 

La troisième victime est Sophia Bradley, 52 ans, mère de famille. Elle est retrouvée une semaine plus tard dans des conditions à peu près similaires aux précédentes. Pas le même parc mais toujours un endroit à l'abri des caméras urbaines de surveillance. Elle n'était pas rentrée la veille d'une réunion des Alcoliques Anonymes. Le déroulement du crime semble être le même que les fois précédentes : la victime a été enlevée, droguée (à l'aide de chloroforme) et étranglée. C'est ensuite que le tueur a découpé ses sourcils.

Un profiler comprendra rapidement que le tueur tente de reconstituer l'image d'une personne. Soit quelqu'un qu'il connait, soit un personne célèbre. Reste à tenter de découvrir qui. Une collecte efficace de photos des différentes victimes et un habile montage photo fournira un début de protrait robot. Peut-être alors les enquêteurs reconnaitront-ils la coiffure et le regard (ou ce qu'ils ont pu en reconstituer) de l'étoile montante du soap-opéra pour adolescent : Angelica Newmann. Cette actrice de 19 ans dont le visage couvre les murs de Night City depuis trois mois pour célébrer son succès dans une série pour jeune produite par Network 54 : "Billy" où elle joue le rôle d'une fille à papa d'un corpo à qui il arrive tous les jours de nouvelles mésaventures.

Une petite enquête sur les plateaux où sont tournés la série fera découvrir à nos héros un univers qu'ils ne soupçonnaient peut-être pas. A peu près la moitié du personnel présent sur les lieux semble assez psychotique pour être coupable des crimes. Néamoins, les cops vont devoir se pencher un peu plus près sur les identités et activité des tous ces gens pour avoir une chance de dénicher le véritable coupable (à supposer que la piste de l'entourage soit retenue).

La piste la plus simple (et pourtant la bonne) semble être le photographe officiel de la série. Cet individu répondant au nom de Jim Carrington approche la quarantaine. Il est photographe officiel de la série télévisée depuis son lancement et n'en est pas à sa prémière photo puisqu'il a déjà assuré de nombreux reportages pour les plus grands magazines de mode. Si les enquêteurs se penchent sur son emploi du temps, ils s'aperçevront que, étonnement; Jim ne possède pas d'alibi pour les trois crimes (à part prétendre qu'il était chez lui). Bien sûr, on ne peut pas accuser une personne sous le simple pretexte qu'elle ne peut pas prouver qu'elle était chez elle à deux heures du matin mais celà pourrait inciter les cops à faire une petite perquisition chez ce monsieur ou à s'interresser à lui d'un peu plus près.

Ils découvriront alors que Jim n'est une riche photographe, ami de toute la jet-set de Night-City, que depuis cinq ans environs et que, bien qu'il fasse tout pour le cacher, il a passé tout le début de sa carrière à faire des photos à 10 €-cents pour des magazines pornographiques et à cotoyer les pires couches de la ville de la nuit. S'ils remontent dans son passé, ils découvriront que, huit ans auparavant, bien avant le luxueux loft qu'il occupe maintenant en plein centre ville de Night-City, Jim habitait dans un petit appartement perdu dans la banlieue sud, à quelques encablures de la zone de combat. De cette époque et de ce passé Jim tente d'en dissimuler le maximum et il feindra dans un premier temps de ne rien se rappeler si les policiers font allusion à sa précédente carrière .

Un autre fait pourrait bien alimenter les soupçons que les cops devraient commencer à nourrir à l'égard de Carrington. Il est de notoriété publique (tout au moins dans les milieux proches des studios de tournage de "Billy") que Jim Carrington a un petit faible pour Angelica Newman. De là à imaginer que tous ces crimes ne sont qu'une façon pour lui de reconstituer l'image de celle qui ne le considère guère plus que comme une simple relation de travail, il n'y a qu'un pas que nos cops pourraient être tentés de franchir allègrement.

Restera encore à trouver des preuves de telles suppositions et pour celà, les cops risquent de chercher longtemps. En effet, le coupable n'est absoluement pas Jim Carrington contrairement à ce que pas mal d'apparence pourraient laisser croire.

 

Angelica (Take 4)
 
- Quelle horreur ! On dirait une vraie boucherie !
- Oh non petit, une boucherie c'est ce qu'on avait retrouvé en 2003 à Palo Alto dans la ferme de Jack le maniaque !
 

Le fin mot de cette sinistre affaire n'est pas aussi compliqué que celà et la piste du serial killer obsédé par son amour perdu ne sera encore pas pour cette fois. Il s'agit simplement d'une histoire de vengeance.

L'affaire a été montée de toute pièces par un ancien concurrent de Jim Carrington, du temps où ils travaillaient tous les deux pour le journal "Photo-Contact", aujourd'hui disparu. Le coupable se nomme Steve Terrill, un photographe de petite envergure aigri depuis que Jim lui as soufflé la vedette en réalisant, plus de huit ans auparavant, un reportage qui a assis sa réputation. Selon les dires de Steve, l'idée du reportage était de lui mais rien n'a jamais été prouvé. Quoi qu'il en soit, à la suite de ce reportage photo sur les bas fonds de Night City, Jim Carrignton est devenu riche et célèbre et Steve Terrill a continué de faire de photos que l'on qualifie pudiquement de "de charme".

Pour arriver à ses fins, Steve a concocté sa vengeance pendant longtemps. Bien sûr, il aurait pu louer les service d'un gang et faire simplement éliminer son ancien partenaire mais il a préféré monter un plan plus vicieux qui aurait conduit à l'accuser des crimes les plus odieux sans que lui-même ne soit impliqué. Il a donc étudié les habitudes de Jim pendant plusieurs mois. Il s'est également arrangé pour refaire louer, sous le nom de Jim, l'ancien appartement qu'il occupait, huit ans avant. Il s'arrangera pour que les cops découvrent cet appartement au cours de leur enquête. Dans l'apartement, une scène cauchemardesque à été montée pour faire accuser Jim. Les murs de l'appartement, entièrement insonorisés et recouverts de carrelage sont recouverts de photos de Angelica Newman, tandis qu'au milieu de l'unique pièce trone une sorte de table d'opération sur laquelle il a fait pratiquer les mutilations par un charcudoc de sa connaissance. N'ayant pas de réèlle utilisation pour les éléments retirés des corps, il s'est contenté de les utiliser comme paiement pour le travail du charcudoc. Les enlèvements et les meurtres en eux-mêmes ont toujours été réalisés par des épaves de la faune de Night-City, recrutées dans les bars les plus glauques et n'affichant pas un QI supérieur à 15 afin de limiter les traces.

Le but de Steven était d'ammener les cops à penser que Jim Carrignton était l'auteur de tous les meurtres afin de pousser la police à fouiller dans son passé. Il aurait ensuite monté une petite mise en scène pour abandonner une victime dans le loft de Carrignton afin de renforcer son implication dans l'histoire. Au programme des réjouissances étaient également prévus de faire parvenir à la police, comme s'il s'était agi d'une provocation de la part de Jim-meurtrier des photos des complices en train de commettre les forfaits, photos qu'il aurait eu le soin de prendre sous les mêmes angles et avec les mêmes mises en scènes que celles qui avaient rendues Jim célèbres quelques années auparavant.

Paradoxalement, c'est cette idée de photo qui va perdre Steve. En voulant trop en faire, il finira par mettre la puce à l'oreille d'un des profilers de l'ECTF qui comprendra que, au delà du crime passionnel par trop évident, se cache une seconde motivation. Une fouille poussée dans le passé de Carrigton (pas franchement aidé par celui-ci) permettra aux agents de l'ECTF de faire ressortir l'histoire de Jim et Steve et de trouver enfin un mobile convenable. Restera ensuite à accumuler suffisament de preuves contre Steve Terrill pour pouvoir l'arreter et lui faire endosser la responsabilité de tous les crimes avant qu'il ne commette d'autres meurtres.

 


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